Château Haut Brion

Le Château Haut-Brion est, sans aucun doute, l’image par excellence des vins de Bordeaux.


Au IIIe siècle avant Jésus-Christ, une tribu celtique venue du Nord de la Gaule, les Bituriges Vivisques, fondent Burdigala. Lors du Ier siècle après Jésus-Christ, la toute récente Pax Romana va leur permettre d’implanter la culture de vigne dans Burdigala et ses alentours …


Comme le démontre l’origine du toponyme gascon Haut-Brion qui découle directement du terme celtique Briga, désignant une hauteur ou un mont, parfois même fortifié, les Bituriges remarquèrent la parfaite adéquation entre la culture de la biturica et les terrasses graveleuses situées entre les ruisseaux du Peugue et du Serpent, qui portent toujours le nom de Haut-Brion.


En 1533, Jean de Pontac achète la maison noble de Haut-Brion. Cette acquisition donne naissance au domaine dont la pérennité sera assurée, au fil des siècles, par quatre familles. La construction du château marque un tournant dans l’histoire du vignoble bordelais. D’après Paul Roudié : c’est un des premiers châteaux authentiquement vinicole.


Haut-Brion est situé dans la commune de Pessac sur l’appellation Pessac-Léognan. C’est la première fois dans l’histoire qu’un château porte le nom de son terroir nourricier.


En 1660, Haut-Brion est servi à la table du Roi Charles II d’Angleterre. Ce Haut-Brion là a été élaboré par Arnaud III de Pontac, génial propriétaire du domaine à cette époque. Il est le premier d’un tout nouveau style de vin, alors désigné sous le nom de "New French Claret" sur le marché anglais, ancêtre de tous les grands vins rouges de garde actuels. Pour la première fois de l’Histoire, un vin pourra se bonifier en vieillissant !


La primauté du vin de M. de Pontac s’affirme, autant par sa grande qualité que par la grande notoriété et le prestige dont jouit sa famille. L’écrivain Samuel Pepys, le 10 avril 1663, goûte Haut-Brion à la Royal Oak Tavern à Londres : « ... Et là, je bus une sorte de vin français appelé Ho-Bryan (sic) qui avait un bon goût très particulier que je n’avais jamais rencontré... ». En 1666, le fils d’Arnaud III de Pontac, François-Auguste, ouvre à Londres une taverne à « l’Enseigne de Pontac » (Pontack’s Head) qui devint rapidement « ... Le seul établissement à la mode de tout Londres... ».

 

Le XVIIIème siècle sonne l’âge d’or du château. La famille Fumel succède à la famille Pontac. France, Angleterre, Suède, Pays-Bas, États-Unis, Russie… Haut-Brion est, déjà, sur les tables des épicuriens du monde entier. La naissance des jardins du domaine accompagne cette ascension. La période de la Grande Terreur freinera, un temps, l’expansion du domaine. Celui-ci conserve bien entendu sa renommée mondiale, mais il faudra attendre 1836 pour sentir de nouveau une réelle dynamique et volonté d’atteindre la perfection.


C’est notamment grâce à la famille Larrieu et à sa volonté de réunifier le domaine, en indivision depuis 1694, que ce revirement de situation est possible. C’est sous la direction de cette même famille qu’en 1855, comme une évidence, Château Haut-Brion est classé dans les quatre Premiers Grands Crus aux côtés des châteaux Margaux, Lafite et Latour. Ce classement n’est pas une fin, mais une incitation à continuer les efforts menés jusqu’ici et conduire les vins vers la quintessence. En 1880, le phylloxera ravage les plants du château, le domaine est reconstitué dans sa totalité.


En 1934, Clarence Dillon, américain passionné par la France et le vignoble bordelais souhaite acquérir un Grand Cru dans le Bordelais. Après avoir visité plusieurs propriétés dont Cheval-Blanc, c’est après une mûre réflexion, qu’en 1935, il deviendra propriétaire de Haut-Brion. Nous remarquerons que le second vin du château porte aujourd’hui son nom. Son neveu, Seymour Weller, est alors le régisseur du domaine. Il décide de préserver la typicité et l’histoire du château en gardant, notamment, le personnel souvent présent depuis plusieurs générations.


En 1983, La Mission Haut-Brion, Laville Haut-Brion et La Tour Haut-Brion sont annexés à Haut-Brion. Par la suite, les chais et les cuviers seront rénovés et les techniques de viticulture modernisées. Aujourd'hui, le Prince Robert du Luxembourg préside aux destinées d’un Château Haut-Brion rayonnant à travers le Monde.

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